Indice de maturité par parcelles, semaine du 16/08/2022

Après un automne sec et froid, le début de l’hiver météorologique au contraire fut doux et humide puisque décembre reste jusqu’à ce jour le seul mois ayant enregistré un cumul de pluie supérieur à la moyenne hors orage. Depuis janvier 2022, la pluviométrie reste systématiquement déficitaire avec un cumul sur les 6 derniers mois de -137mm (307 mm de janvier à juin 2022) par rapport à la moyenne trentenaire (444 mm sur la même période). En ce qui concerne les températures, sauf janvier qui a été juste un peu plus froid que la moyenne, les températures mensuelles moyennes sont toujours supérieures aux normales entrainant une précocité importante pour tous les stades phénologiques.

Ainsi, les premiers bourgeons ont éclos la dernière semaine de mars mais de manière assez hétérogène selon les secteurs. Deux épisodes de gel entre le 2/4 et le 5/4 puis au cours de la nuit du 10/4, ont comme lors du millésime précédent causé des dégâts conséquents. Il faudra attendre le début du mois de mai, pour voir sortir les contre-bourgeons de manière significative.   

Sur les parcelles non gelées, la pousse ralentie début avril par une période plus fraiche, s’accélère à partir de la moitié du mois en raison de températures supérieures aux normales. S’en suit depuis une période rarement vécue avec chaleur excessive et quasi absence de pluie. Un premier épisode de chaleur se fait sentir entre le 8 et le 22 mai, avec une moyenne pour les températures maximales de +4,3°C par rapport à la normale. Dans ce contexte, des orages éclatent entre le 15 et le 24 mai, avec des épisodes de grêle ayant pu à nouveau impacté certaines zones du vignoble. Malgré cela, le déficit hydrique reste important et le volume de pluie enregistré reste très hétérogène sur l’ensemble du vignoble avec localement des cumuls plus significatifs, jusqu’à 60 mm à La Brède (source CA33). Avec seulement 4 jours de pluie à Bordeaux, il manque en moyenne 5 à 10 journées pluvieuses pour atteindre le nombre habituel d'un mois de mai.

Les premières fleurs apparaissent dès le milieu du mois de mai, quelques jours avant celles de 2021. La floraison est rapide et homogène pour une pleine fleur la dernière décade de mai. Les conditions météo sont favorables, n’induisant pas de coulure ni de millerandage.

Le mois de juillet est à nouveau sec, chaud et très ensoleillé. Après la vague de chaleur précoce de juin, on observe une seconde période caniculaire au cours de la seconde décade du mois avec des températures supérieures à 40°C. En raison de l’absence de pluies et des fortes chaleurs, la pousse ralentie dès début juillet, date à laquelle le stade fermeture de grappe était largement atteint. Les premiers signes de contrainte hydrique notable s’observent dès la mi-juillet dans les parcelles situées sur sol superficiel et se généralise à partir de cette date. Les premières feuilles jaunes et le dessèchement des baies est notable sur sols superficiels et drainants, pouvant dans ce cas bloquer le début de la véraison.

Sur les sols contenant des argiles, la croissance végétative se ralentie progressivement laissant apparaitre les premières baies colorées au début de la dernière décade de juillet. La mi véraison est observée dans nos parcelles de référence le 28 juillet pour les merlots et le 4 août pour les cabernet- sauvignons Dans les parcelles ne présentant pas de stress hydrique et n’ayant pas gelées, elle se termine avant le 15 août de manière homogène et rapide (tableau I).

Tableau I : Evolution de la véraison (% véraison) 2022

Dans ces conditions, contrairement à 2021, l’état sanitaire est excellent et mildiou et oïdium ne font pas partie des préoccupations des vignerons.

Les premiers contrôles de maturité, alors que la véraison se termine, confirment la précocité du millésime et l’impact des conditions météo chaudes et sèches. Les baies sont petites avec un poids inférieur de 15 à 30% à celui du millésime précédent au même stade de véraison (tableau II).

Tableau II : Evolution du poids des baies (g/100 baies)

La maturité technologique est déjà avancée, avec des teneurs en sucres dépassant les 170g/l et des teneurs en acide malique comparables à celles mesurées en 2021 au moment de la récolte (Tableau III).

Tableau III : Teneurs en sucres et en acide malique (g/L)

 (..)* : teneur en acide malique (g/L) mesurée lors du dernier prélèvement de suivi en 2021 (27 septembre 2021).

La maturité phénolique est également enclenchée, les teneurs en anthocyanes totales sont comparables à celles de fin Août en 2021 mais à ce jour l’extractibilité reste faible.

En raison des conditions chaudes et du faible grossissement des baies, les pellicules sont encore épaisses, peu élastiques (mesures de pénétrométrie) et peu perméables (mesures AW) (Figure 1)

Figure 1 : Caractéristiques physiques de la pellicule au 16/08/2022

Merlot

Cabernet-sauvigon